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Le succès du wax

A partir du XXe siècle, jusque dans les années 1960/1970, le wax est principalement produit pour les Africains et par les Européens. Différents facteurs sont à l'origine de l'essor du tissu sur le continent Africain : la conccurence, l'évolution des dessins, des couleurs, les Nana Benz (revendeuses Togolaises)...

  • Les années 1960 : un tournant pour la production du wax

La fin de la seconde guerre mondiale marque un tournant dans l'histoire de la décolonisation de l'Afrique. La décolonisation a un impact sur la production et le développement du wax. Une prise de conscience et une consommation locale se développent parmi la population africaine. C'est dans ce contexte, dans les années 1960, que de nombreuses sociétés sont fondées, comme la Ghana Textiles Printing Company en 1966. L'Afrique devient ainsi producteur de wax.

Les producteurs doivent s'adapter à cette nouvelle situation, faire face à une nouvelle conccurence. Les dessins changent, ainsi que les couleurs. L'apport des colorants de synthèse rencontre un succès important à cette époque, notamment les associations de couleurs vives. Comme le remarque l'anthropologue Anne Grosfilley, spécialisée dans le textile et la mode en Afrique :

" avec le wax, l'Afrique a pris des couleurs ! "

(Wax, 500 tissus, éditions de la Martinière, 2019).

  • Nana Benz

Au début des années 1950, quelques femmes se lancent dans le commerce du wax, en vendant leurs stocks entre le Togo et le Ghana. Ce sont les Nanas Benz. Ce nom leur a été attribué car elles sont les permières à posséder une voiture Mercedez-Benz. Elles sillonnent les routes avec ces voitures pour vendre le wax. Ces femmes sont devenues de riches commerçantes et sont très importantes pour l'émergence, l'évolution du tissu, la diffusion du langage "wax". Elles sont l'intermédiaire entre les fabricants et les acheteurs.

Malheureusement, ces "Nana Benz" n'arriveront pas à surmonter les différentes crises : grève du Togo entre 1992 et 1993, ou encore la dévaluation du franc CFA en 1994. L'âge d'or des Nana Benz prend donc fin dans les années 1990.

  • Wax : identité culturelle

Les années 1970 sont l'âge d'or des pagnes et du wax. Les dessins sont soigneusement sélectinonés et doivent répondre à une clientèle diversifiée. Le wax devient un élément de langage, il reflète une émotion, une humeur, un moment de la vie...

La population Africaine rassemble des centaines de cultures différentes et le wax est le symbole de celles-ci. Il faut donc savoir répondre à une diversité culturelle, mais également géographique et salariale. Le wax est un produit qui permet à la population de se démarquer socialement. Dans un premier temps, au moment de la colonisation, il s'agit d'un produit européen. Lors de l'indépendance des États, les élites se tournent vers ce tissu de bonne qualité, provenant d'Europe, mais il revête également un caractère indépendant pour certain.

Le photographe Malien, Seydou Keïta, utilise le tissu wax pour ces fonds photographiques, à partir des années 1950. Il est l'un des plus grands portraitistes Africain de l'époque. Il utilise le wax d'une façon technique et esthétique. En effet, il se sert de ce tissu pour créer un dynamisme sur ces photographies, grâce aux différents motifs et couleurs, afin de donner une impression de mouvement. Ces photographies sont donc essentielles pour démocratiser et diffuser la mode du wax.

  • Pour aller plus loin

Grosfilley Anne, Wax, 500 tissus, La Martinière, Paris, 2019, 383p.

Grosfilley Anne, Wax & Co : anthologie des tissus imprimés d'Afrique, La Martinière, Paris, 2017, 262p.

Seydou Keïta : Galeries nationales du Grand Palais, Paris 31 mars - 11 juillet 2016, RMN, Paris, 2016, 221p.

Legrand Catherine, Indigo, périple bleu d'une créatrice textile, La Martinière, Paris, 2012, 288p.

Gérimont Patricia, Teinturières à Bamako, quand la couleur sort de sa réserve, Ibis press, 2009, 222p.